Le Brexit pour les nuls

Jan 22, 2020

Brexit est une abréviation de ‘British exit’ : sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.                       Voici les clés pour mieux comprendre cet épineux dossier.

  • NAISSANCE 

En janvier 2013, le Premier ministre britannique David CAMERON annonce la tenue d’un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE, en cas de victoire de son Parti conservateur aux élections générales de 2015.

Surprise ! Les Tories l’emportent, et le référendum historique a donc lieu le 23 juin 2016. Les Britanniques votent à 51,9 % pour quitter l’Union, entraînant la démission de David CAMERON et son remplacement par Theresa MAY. Le processus de sortie est enclenché. Il était censé aboutir le 29 mars 2019.

  • CROISSANCE

Le 13 novembre 2018, un accord de « divorce » est trouvé entre Londres et Bruxelles. Mais il est rejeté trois fois par le Parlement britannique. Les députés critiquent l’une de ses dispositions, le backstop (ou «filet de sécurité» en français) qui figure dans le traité de retrait avec l’UE conclu par la Première Ministre Theresa MAY, en novembre dernier. Un texte qui a depuis été rejeté trois fois par le Parlement britannique (le 15 janvier 2019, le 12 mars 2019 et le 29 mars 2019). Destiné à éviter le retour d’une frontière «dure» entre l’Irlande, république indépendante membre de l’UE et l’Irlande du Nord qui est hors de l’UE puisqu’elle appartient au Royaume-Uni, ce mécanisme prévoit que le Royaume-Uni reste temporairement dans une union douanière avec l’UE, en dernier recours.

Boris JOHNSON, qui a remplacé Theresa MAY au 10, Downing Street en juillet 2019, réussit à trouver un nouvel accord avec l’UE  le 17 octobre, qui ne contient plus de «backstop». Un accord sur le Brexit a été enfin trouvé par Jean-Claude JUNCKER et le Premier ministre britannique Boris JOHNSON, à l’issue de très nombreuses tractations.

Mais les députés réclament plus de temps pour examiner le texte, ce qui contraint le dirigeant à demander un troisième report du Brexit désormais fixé au 31 janvier 2020. Les 27 pays de l’Union européenne ont donné leur feu vert pour accorder un report de la date de sortie du Royaume-Uni jusqu’au 31 janvier 2020. Les 73 eurodéputés britanniques élus en mai 2019 vont devoir alors quitter le Parlement de Strasbourg, après seulement sept mois de mandat.

 Les députés britanniques ont approuvé la tenue d’élections législatives anticipées du 12 décembre, par lesquelles le Premier ministre Boris JOHNSON a retrouvé une majorité (350 contre 245) et peut ainsi mettre  en œuvre sa promesse de sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne.

  • INDEPENDANCE

Avec la victoire des conservateurs, le compromis du premier ministre est approuvé par les députés, ce qui permet au Royaume-Uni de quitter l’UE de façon «douce». Contrairement aux prévisions alarmistes, il n’y a eu ni krach boursier, ni flambée incontrôlable des taux d’intérêt, ni chute du PIB !

Le Royaume-Uni est désormais dans une phase de transition et Londres a jusqu’au 31 décembre 2020 pour établir de nouvelles relations commerciales avec l’Union européenne, avec en priorité la liberté d’échanges commerciaux. L’enjeu est crucial surtout pour l’ industrie automobile britannique et les services financiers. Londres rêve de conserver, pour sa finance, ce qu’on appelle le « passeport européen ».

Mais attention ! Londres devra participer au financement des retraites des fonctionnaires européens qui ont servi l’UE pendant la période d’adhésion britannique.

La Commission a chiffré à 60 milliards l’ensemble des engagements du Royaume-Uni. Mais l’addition devrait baisser, certains parlent de 40 milliards, ce qui reste gigantesque : c’est la totalité d’une année du budget britannique de l’éducation.

Concernant les 3 millions d’européens vivant au Royaume-Uni et le million de Britanniques résidant dans l’UE des droits réciproques devraient être garantis après négociation qu’il est urgent de mener.

Les Britanniques ont des atouts pour négocier.

Ils restent membres de l’UE pendant deux ans, et une grande partie des décisions se prennent à l’unanimité des membres. Par ailleurs, ils peuvent tenter de diviser les membres de l’UE, en proposant des accords séparés.

Leur  marché reste intéressant pour les exportateurs européens qui ne voudraient pas le perdre au profit de concurrents américains ou autres.

Même si la nouvelle place forte financière européenne est Francfort la City est toujours importante au niveau des affaires de nombreuses banques européennes donc le gouvernement britannique ne manquera pas de proposer des arrangements qu’appuieront les puissantes banques européennes..

La dernière carte que peut jouer Londres, avec discrétion, c’est celle de son rôle militaire. Le Royaume-Uni est, avec la France, la seule grande puissance militaire d’Europe. Si les États-Unis confirment leur volonté de désengagement du continent, la Défense britannique deviendra un enjeu crucial pour la sécurité du continent.

Pour terminer, même si les Ecossais ont voté contre le Brexit (par 62% des voix), ils sont considérés par l’UE comme une région britannique. Londres est le seul interlocuteur possible.

Si les Ecossais veulent rester dans l’UE, il n’existe qu’un moyen : voter l’indépendance puis déposer une demande d’adhésion en bonne et due forme, comme n’importe quel pays extra-communautaire.

Le gouvernement écossais a demandé à ce que soit organisé un nouveau référendum d’indépendance dans les deux ans (le dernier remonte à 2014). Une façon de peser dans les négociations, afin que Londres n’oublie jamais les intérêts économiques de l’Ecosse.

Pour l’avenir de l’UE  espérons que le Brexit ne fera pas école!